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Autour d'un vin nocturne
Promenade nocturne, Félix Vallotton - Photo (C) RMN-Grand Palais / Gérard Blot

Il est hélas vain, mignonne, d'aller cueillir la rose sur la tombe des minutes qui passent. Tout comme il est vain de vivre du parfum de celles qui sont déjà mortes. Le temps passé est partout révolu sauf en nous, condamnés au souvenir puis à l'oubli. Le reste ne se souvient pas et donc n'oublie pas.

Un cinquième de siècle, nous pourrions être des vases brisés, nous sommes les pièces d'un miroir brisé. Nos fêlures ne sont que le commencement d'une longue tragédie sans apogée.

Avons-nous atteint l'âge adulte ? Sommes-nous entrés dans la cour des grands ? Sommes-nous à présent des lions forts et grands ? À quel prix ? Nous n'avons même pas pour certains été chameaux que nous voulons déjà redevenir enfants. Le retour et le devenir nous définissent mais nous échappent encore.

Sommes-nous des phénix ? Notre souffrance est en nous, et plus profonde elle est, plus créatrice elle sera. Où est ton chaos, étoile dansante ? Un chaos demande des forces, des mouvements créateurs et destructeurs. Le père du loup avait du chaos en lui, il l'a transmis à l'enfant-loup et aujourd'hui le loup danse sous la pleine lune, à la belle étoile. Ah la belle étoile !

Nous sommes perdus à moins de les voir, elles sont nos seuls guides, car les seuls guides qui nous restent ne sont pas au-dessus de nous mais en nous, les étoiles qui naissent et meurent dans nos souvenirs et nos cœurs.